mardi 2 décembre 2008

Mercredi 26 au soir

Notre avion atterri à Bombay vers 21h15 (1 h de retard) avec encore nos préoccupations de simples touristes. Chopper une borne internet pour savoir si la chambre a correctement été réservée. Ben NON bien sur!! L'hôtel n'a plus de dispo et nous propose un autre lieu de résidence à proximité, GRRRRR. Trouver un taxi en évitant les rabatteurs car il n'y a pas de borne pour les trajets prépayés. On en prend un au pif qui ne veut pas négocier le prix mais utiliser le compteur. Les flics ont l'air de contrôler un peu le souk, On accepte avec un gros doute. Le gars pige que dalle. C'est parti pour Bombay. On passe la borne de sortie, le policier de garde demande notre destination, "Collaba".

Le taxi file à fond en se moquant des feux rouges, impossible de lire le compteur qui se trouve sur le capot, le conducteur inspire tout sauf confiance (mais c'est normal, c'est un taxi)
On passe un premier carrefour avec des policiers, le gars dit "Bomb", je propose comme explication que c'est à cet endroit que le dernier attentat à Bombay a eu lieu (Oui je sais ,suis très fort)

Le gars s'arrête pour prendre un coup de fil, une fois puis deux fois, la c'est Victoria qui grogne, "il va pas faire son secrétariat au volant en plus" (on vous a dit qu'on ne faisait jamais confiance aux taxis?)
On repart, gros barrage policier, on ne passe plus. Des bus de tv sont là, le coup de la bombe a l' air plausible. Le gars veut repartir dans l'autre sens. Pas question, on veut parler aux flics. On lui impose de s'arrêter, ce qu'il fait bien loin du premier policier. Au moment de payer, c'est le double des prix indiqués dans le guide, GRRRRRR

On prend nos sacs, on n'a aucune idée où on se trouve, on demande à un hôtel puis aux policiers du barrage. Ceux-ci nous mettent dans un autre taxi et lui expliquent par où passer pour atteindre l'hôtel. A ce moment, notre représentation mentale de la situation, c'est l'attentat classique, une bombe plus un quartier bouclé pour les secours et la sécurité.

Le deuxième taxi a l'air plus débrouillard et sympa que le premier (pas trop de mal à vrai dire). On roule vers l'hôtel, vive la douche chaude qui nous attend. Deuxième barrage, le taxi ne peut passer mais on nous dit que l'hôtel est à 5 min a pied. Pas de souci, on descend.
Là, des gens dans la rue nous disent de nous rendre au poste de police le plus proche, pas moyen de savoir où se trouve notre hôtel et où on est. Après un mois d'Inde, notre confiance dans les gens de la rue est très émoussée pour parler gentiment. Ca a l'air sérieux donc on les suit au poste (il doit être 22h30, 23h).

Bon, le poste de police est à l'image de l'Inde (pas la super puissance informatique qui envoie des fusées sur la Lune, la vraie Inde bordélique que l'on traverse depuis le début du voyage)
On retrouve une petite trentaine de personnes dans la cours à l'arrière du poste. Un pov gars avec un fusil en bois, un gilet part balle de 12 tonnes et un casque de gladiateur garde la porte, le reste des troupes regarde la télé dans la pièce principale.

Il y a majoritairement des occidentaux et quelques indiens très classe moyenne. On essaie de savoir ce qui se passe sans trop de succès.
On s'installe en attendant que ça se passe, il n'y a pas de bruit en ville. Les policiers ne savent rien, je repéré deux français habilles assez classe, des expats qui en savent peut être plus, ils sont au tel, j'essaierai de leur parler plus tard.

Une explosion retentit assez loin, la tension monte d'un cran, on échange quelques mots avec nos deux jeunes voisins indiens. Malgré leurs portables, ils ne savent pas ce qu'il se passe.
Pas d'info des policiers, on a juste le droit de ne pas bouger. Je repars à la recherche des Français mais ils ne sont plus la.

Le temps passe tranquillou, on se demande s'il faut prévenir les parents, avec 4h30 de décalage, le journal de 20h n'est pas passé. On n'est pas spécialement inquiet, les explosions peuvent être dues à la police qui fait sauter des colis suspects. Faut juste s'installer pour la nuit.

Les policiers se bougent un peu et décident de fouiller les sacs. Le responsable (imaginez un sergent Garcia indien) demande à ce qu'on le prévienne si des éléments suspects arrivent dans le groupe. L'impression d'incompétence est telle qu'ils se font rembarrer, la nana ose à peine toucher nos sacs a dos.
On constate que les indiens ont l'air d'avoir pu quitter le poste.

Victoria part à la recherche des toilettes, elle tarde à revenir, je la rejoins discutant avec un petit groupe de personnes. Parmi eux, un Belge qui vient de s'échapper du café Leopold, il raconte l'attaque à l'arme automatique et comment ils sont sortis. C'est la première info valable sur la situation.

De nouvelles personnes sont arrivées, elles ont l'air bien choquées. Nous faisons la connaissance de Céline et Aurélie, deux françaises qui nous expliquent qu'elles viennent aussi du café Léopold,. Elles ont échappé aux tirs en étant à l'étage. Parler fait du bien.
Nous sommes quasiment les seuls à avoir plus qu'un sac à main. Nous sortons la trousse de secours pour les égratignures (c'est dommage d'échapper aux attentats et chopper une septicémie), les maux de têtes et la polaire pour une espagnole frigorifiée.
Le portable commence à être utilisé, les parents sont prévenus. Les infos arrivent au compte goutte. On apprend qu'il y a des otages à l'hôtel Taj, que 200 militaires doivent arriver de Delhi (que Bombay, une ville de 17 millions d'habitant ne dispose pas de 200 militaires un peu spécialisés faire sourire, c'est l'Inde), la conversation se détend.
On appelle l'ambassade qui ne sait pas grand chose et nous conseille de ne pas bouger.
Les militaires arrivent, pas plus rassurant que les policiers en fait (en plus ils sont armés, avec des fusils en bois, mais quand même). Une des filles sort "c'est quoi ces mecs avec des pompons" (effectivement, il y a des pompons sur les casques en guise de camouflage).

Ça doit être peu après que les premiers échanges de tirs éclatent. L'atmosphère se tend d'un coup. Pour les gens ayant échappés aux tirs ça veut dire que c'est pas fini, pour nous, ça veut dire que le modèle ¨on craint rien, y a jute a attendre¨ en prend un sacré coup.
Victoria commence à diffuser son expérience d'intervention sur des terrains en guerre. En cas d'attaque, le groupe est effectivement en pleine ligne de tirs provenant de la rue. Elle conseille de se placer derrière les murs, tout le groupe se déplace, la tension monte encore.
Des tirs sonnent beaucoup plus proches, tout le monde se réfugie sous une sorte de préau où sont garées deux voitures, il y a aussi des explosions. On change nos tatanes contre nos chaussures pour pouvoir courir, ça fait monter le stress mais autant être prêt. Victoria pense qu'être à cité des voitures est dangereux en cas d'explosion, on cherche des coins plus abrités au cas où et on regarde comment sortir par l'arrière.
Les gens restent planqués sous ce préau, la tension baisse malgré les explosions, les tirs se sont un peu éloignés.
La conversation roule sur ce qu'on a fait en Inde, Aurélie explique le reportage sur les femmes qu'elles font depuis deux mois, Céline est beaucoup plus choquée et ne parle plus beaucoup.

On discute avec une anglaise qui était sur le même vol que nous, elle s'était fait un dernier plaisir avant de quitter l'Inde en s'offrant une ou deux nuits au Taj. Elle pourra passer à la télé dans la rubrique 'j'ai échappé à la mort grâce à mon retard d'avion'. Les questionnements sur la chance et les décisions graves de conséquences vont être un des sujets principaux de conversation dans les jours qui suivent. Ca m'évoque une pièce qui roule et qui tombe parfois sur pile parfois sur face. Le problème, c'est qu'on ne sait pas quel est le bon coté ni à quoi on échappe vraiment. L'image va me suivre longtemps.
Les conversations alternent le futile au tragique, on récupère des infos provenant d'Europe au compte goutte. La grogne contre la léthargie de la police nous occupe pas mal!!!
Personne de réellement compétent n'est passé nous voir, on n'a pas d'eau, la plupart des gens sont en t-shirt. Les noms des rescapés n'ont pas été enregistrés, encore moins leurs témoignages. Par contre, le traitement 'rugueux' en cas de déplacement est de mise.

Je tente d'avoir mon assurance carte bleu (MasterCard) pour voir si on peut être rapatrié, la conversation est surréaliste, je donne mon numéro de carte bleu entrecoupé d'explosions, la gentille demoiselle me dit qu'on me rappelle. Rappel de l'assurance, cette prestation n'est pas prévue dans le contrat!!!! Étrangement, je reste poli, le stress est centré sur autre chose.

Je pars à la recherche de toilettes, les pissotières sont contre le mur du commissariat donnant sur la route, c'est limite point de vue sécurité, les leçons de Victoria rentrent vite,. Je fais mon affaire vite fait:)

Les combats s'apaisent et le stress redescend, vers 5h un policier déclare que la situation est 'Safe'. Bien sur, on a pas confiance. Les filles logent dans un petit hôtel à 50m du poste. On n'arrive pas à savoir où on est et du coup si notre hôtel est dans la partie 'safe' (sans compter que notre réservation est dans un hôtel voisin). On décide de suivre les filles jusqu'à leur hôtel . En cas de combat généralisé, le poste de police fait une cible plus évidente que leur petit hôtel. La police refuse de nous accompagner. On parcourt ces 50ms bien stressé. L'hôtel est rassurant, il reste une chambre. Douche plus dodo, demain il fera beau!!

Jeudi 27 novembre

On se lève vers 9h, première urgence trouver à manger. La télé du mini hall tourne en boucle sur les images des attentats mais on ne comprend pas la situation plus que ça. Les filles sont levées aussi, Céline va un peu mieux mais c'est pas encore ça. Par contre, pas question pour elles de sortir.
On sort dans la rue avec un peu d'appréhension, le temps est superbe, la rue vide et tout est fermé, vraiment étrange dans ce pays où tout tourne en permanence. Un marchand de journaux au coin, quelques badeaux, un taxi qui nous hèle, c'est tout. On passe le poste de police avant d'arriver à un carrefour garde par l'armé. A gauche, juste avant la mer, c'est l'hôtel Taj. On réalise qu'on était vraiment à coté des combats. Là tout est calme, pour nous c'est fini, plus qu'à attendre notre vol de samedi.
On continue notre recherche de nourriture. Un peu plus loin, on croise la rue de notre hôtel, on passe voir si on peut prendre la chambre. Pas de problème, il y a une chambre de dispo, on peut venir quand on veut. Le staff nous propose de prendre le petit dej mais il faut rapporter à manger aux filles. L'hôtel est bien sans être ostentatoire (comme l'anglaise croisée au poste de police, on avait décidé de payer plus cher nos trois dernières nuits).

On trouve un petit buibui chez lequel on achète quelques trucs, à manger on prend le journal en passant et on rentre. C'est pas spécialement stressant juste étrange.

La lecture du journal nous permet de piger ce qui s'est passé dans la nuit, on annonce déjà plus de 100 morts, la question du pourquoi commence à nous travailler, Pourquoi attaquer un poste de police? Pourquoi attaquer la gare qui est un symbole bien différent des hôtels de luxe et du bar? Pourquoi ces attaques ressemblent plus à un massacre sur un campus américain qu'à un attentat 'classique'?
Dans la partie tristement ironique le journal titre "Don't worry I'm Here" . Ce sont les mots du responsable anti terroriste à son arrivé. Quelques instants plus tard il était tué par les assiégés. Ca nous rappelle les rodomontades des policiers pendant la nuit associées à la certitude qu'on ne pouvait pas compter dessus.
Plus près de nous, on se dit que nos précautions de la nuit n'étaient pas si futiles, un poste de police a été attaqué (Victoria avait dit que ça pouvait être une cible naturelle. et que c'était pas forcement une bonne idée de rassembler les personnes ici), des coups de feux ont été tirés d'une voiture sur une foule (c'est les images que l'on voit sur toute les chaines d'infos).

Pendant notre absence, les filles ont appelé l'ambassade, les assurances et eu des nouvelles des proches parents qui harcèlent le quai d'Orsaix. Pas de rapatriement de prévu, à priori le pov gars de l'assurance en a pris pour son grade mais il aura participer à son insu au soutient psychologique des victimes des attentats.
Pour les assurances, tant qu'il n'y a pas de blessé rien n'est fait, le choc psycho lié au fait d'avoir échapper à des tirs n'est pas suffisant à leur yeux et pour pouvoir bénéficier du rapatriement, il faut avoir l'expertise d'un médecin local puis une contre expertise une fois rentré. Autant dire que dans une ville morte ou tous les déplacements sont très déconseillés c'est vous vous démerdez!!!! On est clairement dans un système malhonnête, je ne vois pas d'autre terme à retenir.

On décide de rejoindre notre hôtel, à cet instant le journal annonce que le Taj est libéré, que le seul lieu de combat est l'Oberoi. L'ambassade est juste à coté de ce dernier, pas question de s'y réfugier. Pour nous, on ne pense pas prétendre à un rapatriement, pour les filles c'est justifiée, on leur laisse notre numéro en espérant avoir des nouvelles de France si elles réussissent à partir.

Notre hôtel est bien plus confortable, on dispose d'un restaurant qui nous permet de manger sans sortir, d'une connexion internet, de la télé dans la chambre. On envoie les premiers mails à nos proches et on en apprend un peu plus sur la situation.

La chambre est chouette, on ferme les rideaux pour éviter les vis à vis. Pour la première fois de ma vie c'est en pensant qu'on peut me tirer dessus que je fais cette action et non pour éviter qu'on ne me voit à poil! De la même façon, on regarde comment on peut ouvrir les grilles des fenêtres et sortir de la chambre par l'extérieur. Une fois réfugié sur la plateforme de la clim, on est coincé comme des rats, mais c'est toujours un moyen de sortir de la chambre et se cacher.

Ayant envie de manger à l'occidentale (on commence à avoir vraiment faim) on ressort dans la petite rue de l'hôtel. Les 3 hôtels voisin de la même gamme n'ont pas de resto et le reste est fermé. Ceux ayant une grille la maintiennent à demi fermée.
De retour à l'hôtel, on découvre qu'il dispose d'une terrasse sur le toit. L'ascenseur qui y mène contient un gars qui appuie sur les boutons, un boulot spécial pour non claustrophobe et une illustration de l'automatisation a l'indienne:)
Ca rappelle les gars qui passent les mains sous les robinets automatiques dans les toilettes pour grappiller un petit pourboire.


La haut on croise un canadien, il a passé une bonne nuit avant de se réveiller stupéfait par les nouvelles. Il cherche à savoir comment sortir de ce bordel pour continuer son voyage vers Goa.

On surplombe la ville silencieuse sous le soleil. En arrivant sur la terrasse, un bruit que je prends pour un coup de feu propulse mon petit cœur à 200. Les bruits qui suivent sont clairement des rafales, ils viennent de l'Oberoi distant de 1km. La prise d'otages n'est pas finie. Nous évoluons prudemment sur la terrasse tout en restant prés des bars en dur sans trop s'approcher du bord. De la fumée s'échappe de l'hôtel Taj, des parties présentent clairement des signes d'incendie mais tout est silencieux de ce coté.

En milieu d'après midi, on rappelle l'ambassade histoire de s'enregistrer officiellement. Ils n'en savent pas plus que nous sur la situation, les filles ont déjà été enregistrées, pas de rapatriement prévu. Ils conseillent de ne pas bouger de l'hôtel.

La mère de Victoria s'inquiète de savoir si on ne se tape pas dessus réfugié dans notre chambre, c'est ça d'avoir une fille travaillant sur les zones dangereuses du globe mais pas mariée à un age avancé:) Vic la rassure, tout va bien, ça nous fait bien rire.)

La journée passe tranquillement, les coups de feu ne bougent pas de l'Oberroi, on peut manger. On arrive à avoir les infos de TV5 qui nous donne une version un peu plus documentée de la situation que les éternelles images en boucle des chaînes d'infos continues. On y apprend notamment que plus de 2000 personnes seraient mortes en Inde dans l'année à cause d'attentats de tout bord. A titre d'info, les journaux de la semaine précédente discutaient autour de savoir s'il fallait subventionner la reconstruction des églises détruites par les hindouistes extrémistes lors des dernières émeutes anti chrétienne.

Une dernière montée sur la terrasse pour découvrir que le toit de l'hotel Taj est en feu. Il ne semble pas y avoir d'intervention des pompiers ce qui signifie que l'hôtel n'est pas encore évacué. On rentre se coucher, on à rien de mieux à faire de toute façon. Plus que deux jours à tenir.

Vendredi 28 novembre

Avec la fatigue et le sentiment de sécurité, la nuit est très bonne.

Au levé, on entend les hélicoptères, Victoria déteste ce bruit si elle ne voit pas les appareils. On monte rapidement sur la terrasse. Effectivement, des hélicoptères tournent au sud de l'hôtel à peu prés à 100 mètres de nous. Il y a des échanges assez nourris de tirs vers cette zone. On découvre un nouveau site de combat, le centre Loubavitch. Coté Taj (150 m au nord), il n'y a plus de fumée mais des explosions. Ça craint, on pensait que les évènements tiraient sur la fin, en fait c'est l'inverse qui se produit, et on est en plein milieu même si on ne risque rien directement.

Sur le toit se trouvent trois expats dont une femme très choquée. Ils habitent vers le centre juif et se sont retrouvés bloqués dans l'hôtel mercredi. Pour eux, la soupape de sécurité consistant à dire plus que x jours ne fonctionne pas. Ça doit être très dur à vivre.

Au petit dej, on découvre que l'hôtel est devenu le refuge de quelques journalistes, deux couples cameraman moustachu et jolie présentatrice sont dans la salle.
Une des journalistes nous interroge. Elle veut savoir si on est stressé, Victoria répond qu'elle n'est pas très représentative, je confirme.
La conversation vient sous l'angle 'est ce que les évènements modifient notre perception de l'Inde'. On répond non, que l'on savait l'Inde sensible de ce point de vue,Victoria explique dans son anglais parfait les inégalités frappantes pour nous et encore plus pour sa sensibilité Suisse. La journaliste veut l'interviewer, elle décline.
La conversation prend un tour particulier car on comprend que la vision de la journaliste est celle de l'Inde super puissance. Elle déclare que l'Inde n'est pas habituée au terrorisme, on sait que c'est faux, en moyenne un attentat tous les trois mois. On raconte notre nuit au poste et l'incompétence de la police. On lui fait comprendre que cette vision de l'inde pacifiste, non violente et super puissance économique ne correspond pas à notre perception du pays.
Cet échange est étrange, je reste inquiet si les journalistes croient à cette fable.
Il se trouve que lors de notre attente à Cochin, j'avais relu les stats du miracle indien dans le guide, 2 millions de personnes travaillent dans les services informatiques (qui comprennent certes les informaticiens de haut niveau mais aussi les centres d'appel qui répondent aux texans mécontents) et ça génère 20 Milliards de $. A titre de comparaison, il y a 7M de cadre en France et le secteur informatique génère 41 Milliards d'euros. Ce pour une population 20 fois moindre.
La journaliste repart couvrir l'hôtel Taj, Victoria lui recommande de faire attention, elle a vu pas mal de journalistes victimes de tirs sur le terrain, une belle image ne vaut pas une balle.

Après le petit dej, on décide de voir si les filles ont pu partir, on n'a pas le numéro de l'hôtel, il faut y aller a pied. La rue est un peu plus animée que la veille mais tout reste fermé.

Les filles sont encore là, Céline sort de la douche avec le sourire, ça à l'air d'aller mieux, on est rassuré. Des hôtes de l'hôtel rentrent et nous indique qu'un resto végétarien est ouvert à deux rues.
Les filles nous donnent les dernières infos de l'ambassade, cette fois un avion de rapatriement est prévu, leurs noms sont sur la liste. Il devrait partir dans la nuit mais on n'en sait pas plus.

On leur propose de revenir à notre hôtel pour manger un bout, utiliser internet (ce qu'elles n'ont pas dans le petit hôtel) et surtout se faire une idée de la situation grâce à la terrasse. Le retour à l'hôtel se fait sans problème, étonnamment on n'entend pas les coup de feux de la rue.

De la terrasse, les hélicoptères sont toujours présent à tourner autour du centre juif. Par contre , les coup de feux semblent se déplacer à l'extérieur du bâtiment, d'autres tirs résonnent au nord et semblent venir plus loin que l'hôtel Taj. C'est très mauvais signe, on redoutait que les combats se déplacent. Il est aussi possible que d'autres commandos terroristes rentrent en scène. Dans ce cas le danger pour nous est beaucoup plus grand. Victoria reste stoïque mais je pense sérieusement à envisager l'option rapatriement si c'est possible.

Pendant le mini repas (pas grand monde n'a faim), la conversation oscille sur les motivations des terroristes et encore et toujours les notions de chance. Les journaux parlent d'un groupe s'appelant les moudjahidins du Deccan (La région de Bangalore). L'inde accuse classiquement le Pakistan. Les filles notent que les mecs sur les photos ont l'air de s'éclater, un peu comme dans un jeu vidéo. Le parallèle avec les massacres à l'américaine est frappant. Victoria note qu'ils portent des bijoux ce qui ne fait pas très jihadiste mais bon......

On parle des relations entre indiens, Les filles racontent qu'elles ont sauvé un gars de la noyade grâce aux soins de premiers secours, les badeaux autour ne voulaient pas le toucher car il avait picolé. En gros, il s'était mis dans la merde tout seul. Bien sur, on dit qu'elles ont échappé aux tireurs grâce à cette bonne action:) On sait que c'est faux, des gens malfaisants ont du échapper aux tirs alors que d'autres adorables ont du y laisser la vie. Une info du journal me marque, un couple a été tué alors qu'ils regardaient les évènements de leur balcon. Il est tout aussi facile de mourir que d'être sain et sauf. Les 15 min de tirs ciblés au café Leopold ont fait 8 morts sur une salle de 50, 100 si on compte le deuxième étage, deux balles perdues tuent deux personnes, il n'y a aucune logique.

L'accueil de l'hôtel nous prévient que l'hôtel des filles cherche à les joindre. Le personnel est bien plus tendu que la veille, ils ont monté une grille devant l'entrée. Les bruits courent que la gare et le poste de police ont été de nouveau attaqués. On parle aussi d'un pont, mais pas moyen de savoir où c'est.

Les filles retournent rapidement à leur hôtel, on remonte dans la chambre et j'appelle l'ambassade. Effectivement, un avion de rappariement est prévu dans la nuit. On peut s'inscrire pour faire partie du voyage. On hésite un peu, on ne se sent pas complètement légitime, on dit qu'on rappelle.
A la télé, on parle de Bangkok, à peu prés en même temps, Victoria et moi envisageons la possibilité que la situation dégénère en émeute. Cette réflexion plus les combats qui ont l'air de reprendre nous décide à rappeler l'ambassade pour demander à faire partir du vol. La partie qui nous inquiète le plus est bien sur le chemin de Collaba à l'aéroport.

On constate au passage que les satellites étrangers ont été coupé, plus de chaines internationales disponibles. Ça ressemble à de la désinformation mais c'est dur d'en être sur (mais la encore l'Inde a quelques antécédents dans la série 'ne pas perdre la face').

Le point de rassemblement est l'hôtel Hyatt vers l'aéroport, par contre il faut s'y rendre par nos propres moyens. Là c'est le gros froid, le gars au bout du fil assure que ça ne craint rien, allant jusqu'à dire que c'est idéal pour circuler en ville. Il ajoute qu'il est allé faire un tour à l'hotel Taj, les journalistes sont a porté de tirs et sont très détendus.
Je reste dubitatif, cette partie est clairement la plus dangereuse du parcours mais bon... Le seul conseil correct est de s'y rendre avant la nuit, il me donne les numéros d'une agence de taxi fiable et les moyens de contacter le personnel de l'ambassade par portable.

Les filles sont en ligne en même temps que moi, je leur fait passer le message de nous rejoindre à l'hôtel. On prépare nos sacs.

Les filles arrivent, Victoria mangerait bien un bout mais il nous semble plus sage de partir directement. Il est près de 16h, la nuit tombe entre 17 et 18h. Internet est coupé aussi, plus trop moyen de savoir si les rumeurs sont justes et où en sont les combats.

Victoria appelle l'agence de taxi conseillée par l'ambassade, quand elle indique notre quartier, Collaba, gros blanc, pas question pour eux d'envoyer de taxi la bas, trop dangereux. On maudit l'ambassade.
On demande à l'hôtel s'ils peuvent nous trouver un taxi fiable, le prix est de 2000 roupies, 5 fois le prix normal. Pourtant c'est le moment idéal pour circuler en ville, sont bêtes ces taxis.

On remonte finir nos sacs, ma mère appelle à ce moment, elle me dit que les infos annoncent la fin de la prise d'otages dans un des hôtels. Un peu pressé par le taxi je lui répond que ça fait trois fois qu'on nous dit que c'est fini et je cite que 'ça tire de partout'. Oups boulette! Faut pas dire ça au tel, elle va croire qu'on se fait tirer dessus, je rectifie rapidos:).

On monte dans le taxi, Victoria explique que sur le terrain on entrouvre les fenêtres pour éviter qu'elles ne claquent en cas d'explosion. On suit le conseil.
Les filles racontent leur expérience de film Bollivoodien, une histoire de prince réincarné interminable, on est mort de rire, ça fait baisser la tension car le trajet dure.
Au feux (et oui on a un taxi qui s'arrête aux feux) des gamins font l'aumône, je veux leur donner quelques roupies (ce que je ne fais jamais), peux être qu'ils ne me tireront pas dessus quand ils auront grandi. Le chauffeur ferme fenêtres et portes. L'Inde reste rude et encore plus pour les faibles.

On arrive à l'hôtel Hyatt, un hôtel de luxe très business. Le taxi reste à l'entrée le temps que les gardiens aillent chercher la responsable. C'est limite point de vue sécurité, petit pic de stress. On laisse nos sacs dans le taxi avec la promesse que l'hôtel s'en occupe. C'est un truc que l'on ne fait jamais en voyage, quitter nos sacs de vue mais là, le réflexe 'on est a découvert' prime, les leçons de Vic rentrent très vite.

On est les premiers à arriver, une personne de l'ambassade nous accueille, on se sent enfin en sécurité. On choppe une connexion internet (200 roupies le 1/4 d'heure, d'habitude c'est 30 roupies l'heure, putains d'hôtel de luxe) pour envoyer un mail rassurant 'on est rapatrie, on est au hyatt à coté de l'aéroport, tout est tranquille, on rentre'.

Une petite dame vient nous voir, c'est l'ambassadeur de l'Union Européenne auprès de l'Inde. Elle est plutôt sympa mais très 'cocktail' avec un défaut étonnant pour une diplomate, elle n'écoute pas les gens et parle toute seule, elle devrait faire de l'impro ça l'aiderait dans son travail:)

On croise deux gars de Cap Gemini qui logent à l'hôtel pour leur mission. Ils seront du voyage, leur avion de retour ayant été annulé par Air France. C'est peut être le vol que devait mener l'équipage prisonnier de l'Oberoi.
Le buffet mets du temps à être mis en place, notre ambassadeur de la commission propose de nous offrir le buffet du Hyatt, on accepte avec plaisir. On fait un peu tache avec nos tenues routardes au milieu des costumes.
Le buffet est conséquent, on échange avec Céline sur l'incongruité de la situation, il y a quelques jours elles étaient sous une table à attendre la fin des tirs et maintenant il faut décider si la crème de citron au chocolat blanc est meilleure que le fondant, en plus on s'en fout on peut prendre les deux! Y a même du fromage!

On apprend qu'elle est descendue de Dehli avec son assistant chargé des relation commerciales (en gros, je sais plus les titres exacts) pour gérer la délégation parlementaire qui logeait au Taj. Seul un député sera du voyage, les autres ont pris des vols commerciaux dans la journée. Par contre une partie du staff (traducteur, assistant.... ) prendra notre vol.
A priori, la plupart des députés se sont fait coincés à l'extérieur de l'hôtel dans un restaurant. On raconte que la première chose qu'ils aient fait c'est appeler les média pour donner des interviews, il y aurait même eu des gens qui en serait venu aux mains pour un chargeur de téléphone. Je repense au calme et a la solidarité du groupe coincé au poste de police. Et on n'avait pas trois personnes se démenant pour nous à Déhli!!!!

On retourne a la salle qui s'est un peu remplie, il y a des gens de toutes nationalités des fois l'Europe fonctionne correctement:)

Le staff médical embarqué avec l'avion est présent, c'est la première fois qu'on voit quelqu'un avec une croix rouge dans le dos et une organisation un peu pro, ça fait du bien. Un psy est du voyage, il est avec une dame qui aurait passé les 3 jours cachée dans le placard de sa chambre. Elle est clairement choquée, ça a du être horrible.
Les filles acceptent son assistance, elles aussi en ont besoin, il leur trouve un endroit à l'écart. Pendant leur absence, nous faisons la connaissance de Christophe qui vient nous voir spontanément. Ires sympa, il a trouvé le moyen de jouer deux fois avec la pièce du destin. Heureusement pour lui, elle est tombée à chaque fois du bon coté. Il a quitté le café Leopold juste avant l'attaque pour rejoindre son hôtel qui est, je vous le donne entre mille, l'Oberoi. Il est arrivé juste à temps pour assister à la première explosion, suffisamment loin pour ne pas être pris au piège, suffisamment près pour avoir les oreilles qui sifflent.
Il travaille dans le textile et était là pour affaire, du coup ses partenaires se sont occupés de lui et l'ont hébergé pendant les deux jours. Il ne possède plus que les vêtements qu'il a sur le dos, ses papier et son ipod. C'est clair qu'après deux jours d'immersion dans ces conditions, parler en français doit faire un bien fou.
Il raconte aussi qu'une journaliste a été blessée près du Taj. Je pense en premier à la journaliste croisée la veille, j'espère qu'elle a écouté les conseils de Victoria. En deuxième, c'est bien sur la justification de l'ambassade qui me vient à l'esprit. Des journalistes tranquilles ne sont donc pas un bon indicateur de sécurité.

Ensuite c'est l'ambassadeur de France qui vient nous voir, pas mal de prestance, il écoute le résumé de nos histoires.

Les filles reviennent, le Psy leur a fait du bien mais il en faudra sans doute plus pour oublier tout ça. Au passage, elles ont laminé le consul. C'est qui le consul? Ben un gars qu'est sur le même modèle que l'ambassadeur avec le même costard:) Le coup du taxi Colaba-Hyatt leur reste dans la gorge! Du coup, les deux personnages font un petit sourire crispé à chaque fois qu'ils passent à coté de notre petit groupe.

La conversation revient sur les attentats, Les filles racontent qu'elles ont envisagé de piquer une bouteille de tequila en quittant le bar. En se disant qu'elles en aurait besoin (elles ne l'ont pas fait bien sur). Elles racontent aussi que ça les tracassent de ne pas avoir payé leurs bières. Christophe enchaîne en disant qu'une fois en sécurité chez ses indiens, il s'en ait enfilé 3 de bières.

L'avion doit partir a 2h du mat et arrive vers 9h a Paris, l'ambassadeur parle anglais à peine mieux que moi (c'est pas un compliment), ça fait rire ma suissesse adorée.

On prend du retard, de nouvelles rumeurs arrivent, Kouchner viendrait avec nous à partir de Ryad, beaucoup préféreraient Rama Yade. On commence à s'impatienter, à se dire que si l'avion arrive pour le 13 h ça va vraiment être louche.

D'un coup c'est le départ, on monte dans les bus pour l'aéroport. Pendant le trajet ma voisine raconte à Céline son histoire, elle est reste bloquée dans sa chambre à l'Oberoi au 19eme étage. Je crois que les terroristes ne sont pas montés plus haut que le 17eme. Encore une pièce qui tombe du bon coté. Ça pose de nouvelles questions, comment on choisit de se protéger ou de sortir? Comment sait on que c'est termine? que ce sont bien les policiers qui demandent à ouvrir la chambre? Pense t'on à une stratégie d'attaque si quelqu'un rentre?
J'ai pas les réponses.

L'arrivée à l'aéroport est une épreuve, du monde partout, on reste bloqué dans la foule, question sécurité c'est n'importe quoi. Beaucoup de musulmans sont la, c'est le Haj (le pèlerinage à la Mecque) Pourvu que rien ne dégénère, avec un peu de chance les hindous regardent le Criquet à la tv. C'est clair, cet avion exceptionnel n'a pas de traitement particulier de la part des indiens, même bordel pour tout le monde.
La litanie des procédures (toutes manuelles avec la lenteur typique du pays) se déroule. Il faut remplir les fiches de sortie, nom prénom, passeport... Je ne sais pas ce qu'il en font, il doit y avoir des salles remplie de ces fiches que personne n'est capable de traiter!
Je tends ma fiche, j'ai oublie l'adresse à Bombay, Putain ça leur sert a quoi! Rageur je mets Mumbai Oberoi, pas de pot le gars commence à papoter! Je lui prend le passeport des main et je me casse!
Un peu plus loin c'est Victoria qui manque d'écharper le gars qui vérifie les sac. Si vous voulez du boulot pour l'ambassadeur, faites traverser un aéroport indien par des gens fatigues et excédé!!!

Le pompon, c'est le changement de nos dernières roupies en euros! Faut la carte d'embarquement, bien sur, notre papier ne ressemble pas à une carte d'embarquement. Ils photocopient le passeport mais malgré ça il faut remplir des papiers en deux exemplaires avec devinez quoi le numéro de passeport! Et ça, c'est pour changer l'équivalent de 20 euros!

On passe le dernier checkin, l'ambassadeur et le consul sont la pour nous saluer. Il ne sere pas la main des gens devant moi, je glisse un merci et un sincere 'bonne chance avec les indiens'. Christophe est derrière moi, il rigole et me dit que je vient de mettre un vent a l'ambassadeur, à priori il m'aurait tendu la main, j'ai rien vu!

On monte dans l'avion de l'arme de l'air, y a marqué République Française sur la carlingue ça pète! On est 77 dans un avions de 2/300 places, on est a l'aise. Par contre, c'est un peu vieillot:)

L'avion prend du retard, le pilote excédé dit qu'on attend un papier! On a beau râler sur l'ambassade mais la ou les personnes qui ont négocié l'atterrissage de cet avion avec l'administration indienne mérite(nt) la légion d'honneur!!!! Je n'ose pas imaginer la quantité d'énergie qui a fallu pour avoir les autorisations!

Les stewards et hôtesses sont hyper baraqués, je suppose qui ont quelques compétences en plus que servir les repas et le café.

Les filles sont mortes de rire, elles sortent 'tu trouves pas qu'ils ressemblent tous à des acteurs pornos?'
La présentation des consignes commencent avec une musique de générique de série et là, notre steward qu'elles ont surnommé Musclor se dandine à coté de l'écran. Ça fait trop chippendales , je réprime un fou rire!!

Première étape Ryad. Victoria s'était juré de ne jamais mettre les pieds en Arabie Saoudite, c'est raté! C'est amusant de verser notre obole au principal bailleur de fonds de l'islamisme radical dans ces conditions. On reprend 45 min de retard pour une obscure histoire de camion de carburant. Du coup, on a le droit de descendre sur le tarmac. On est les premiers en bas de l'escalier, le responsable nous arrête il faut aller demander la permission aux saoudiens sinon on pourrait les vexer! Un pays normal c'est possible, bordel!!!!
En fait, les gars de l'aéroport sont cools. L'air frais et sec du désert au petit matin est agréable. Première constatation, c'est plat!!!! Deuxième, on est sur le terminal prive et les avions sont aussi gros que sur les lignes régulières, vivement la baisse du pétrole!


Etape suivante, Paris. Température 2 degrés, il pèle. Le comité d'accueil est la pour nous attendre, samu, pompier et policier tous gyrophares dehors. Il est 12h30, comme envisagé hier, on va sortir pile poil pour le journal. C'est trop étonnant pour que ne se soit que du hasard. Par la suite, la cousine de Vic qui travaille dans le milieu confirme que c'est trop beau pour ne pas être calculé!
Sur les sièges, on parle beaucoup de ne pas serrer la main de Sarkosy. C'est étrange, je suis sur que Chichi n'aurait pas provoqué ce genre de rejet. On a encore pas mal de choses à résoudre chez nous!

A la descente, on nous propose des couvertures de survie, beaucoup n'ont pour vetements que ce qu'ils ont sur le dos, et c'est prévu pour les 30 degrés de Bombay. C'est un peu too much mais on retrouve une vraie organisation!

L'avantage de sortir avec une suisse c'est que l'ambassade Suisse a envoyé un attaché pour accueillir Victoria. Il va nous guider pour quelques démarches à faire.

La police judiciaire est la. C'est la première fois qu'on prend nos noms et qu'on demande nos témoignages dans le cadre de l'enquête. On demande à Victoria si elle veut répondre malgré sa nationalité Suisse, enfin des pros!
La cousine de Vic est la aussi, les journalistes la font bien rigoler, elle est du métier, elle filme ses collègues!
On achète des billets Air France pour Genève, pas d'arrêt sur Paris mais bon on est pressé de rentrer. L'attaché de l'ambassade pense qu'on devrait pouvoir se faire rembourser. Je ne sais pas trop par qui mais on verra.

Reste la dernière épreuve, les journalistes (je vous ai dit qu'il était 13H?). Le guichet Air France est du coté où ils sont regroupés derrière des barrières. De loin, ce n'est pas très impressionnant, deux personnes passent devant nous et sont littéralement coursées jusqu'à la sortie du terminal. C'est pire que les rabatteurs en inde, alors qu'on pensait sortir sans problème et sans rien dire, je demande aux policiers et personnes de la croix rouge si on peut sortir par un autre endroit. En fait c'est la seule sortie, mais ils proposent de nous encadrer. A ce moment, la délégation Italienne sort en groupe. On se joint rapidement à eux avec les policiers qui nous protègent. C'est un peu la folie, on passe à travers sans faire aucune déclaration, les gens de la croix rouge nous poussent vers la gauche alors que les journalistes suivent les italiens. On rentre dans le terminal d'à coté. C'est pas le bon mais on en ressort blanchi. Les journalistes ont oublié notre lien avec les passagers de l'avion de rapatriement.

15h l'avion décolle pur Genève, l'aventure est terminée. A Genève la ville est silencieuse, il a du se passer quelque chose, c'est pas possible......